Avant de partir nous étions surs d'une chose, c'est que nous aurions un temps pourri en Tasmanie. Nous sommes au niveau des 40es rugissants et on en est à la fin octobre ici si je devais comparer avec nos saisons. Nous quittons la Tasmanie en emportant d'elle des souvenirs ensoleillés et des senteurs méditerrannéennes, c'est dire le temps que nous avons eu.

Cette île m'a semblé magique. Mer, montagnes, animaux incroyables, liberté, arbres immenses, lacs et rivières, villages d'un autre temps.

Nous n'aurons dormi qu'une seule fois dans un camping pour 8 ou 9 nuits en sauvage. Magali (qui est définitivement le meilleur copilote du monde) nous a trouvé des coins magiques la plupart du temps.

Je me souviendrai longtemps de cette route bizarre passant sur la digue d'un barrage, de ce panneau indiquant "Route interdite lorsque le barrage déborde", de Mag me disant "Prends à droite là" pour emprunter un chemin sans panneau, des couleurs du ciel au-dessus du lac Mackintosh, du silence sitôt nous étions sortis du camping-car. Nous avons ensuite décidé d'allumer un feu et que nous mangerions à côté. Martin, Sarah et moi sommes partis chercher du bois pendant que Mag s'occupait du repas. Nous nous sommes enfoncés dans la forêt le long du lac et sommes tombés sur un arbre tombé dont la souche devait faire trois fois ma taille en hauteur, les enfants ont dit "ouah" en même temps. Le feu était à peine allumé qu'il faisait nuit noire. Nous attendions Magali (pâtes sauce bolognaise) en regardant notre feu. Cela faisait un moment que nous entendions des bruits de branches venant de la forêt mais cela ne nous perturbait pas plus que cela. J'étais à genoux à côté du feu quand d'un coup j'ai eu l'impression qu'un gros "truc" sortait du bois et fonçait vers nous. Je me suis relevé d'un bond et j'ai scruté la pénombre autour de nous. Je ne voyais rien mais j'étais certain que quelque chose était là. Les enfants ne bougeaient pas. Les secondes qui se font longues, les yeux d'abord aveuglés par le feu qui s'habituent lentement au noir. Quand j'ai enfin cru voir une zone plus sombre j'ai dit aux enfants vers où il fallait regarder car j'allais allumer ma frontale... L'animal n'a pas détalé, il avait l'air ébloui mais moins perturbé que nous. J'étais certain que ce n'était ni un kangourou ni un wallaby mais je n'avais jamais vu ce qui était (après enquête les jours qui ont suivi) un pademelon, de la taille d'un gros chat. Il a pris son temps, nous avons pu l'observer tranquillement avant qu'il ne continue son chemin.

La seule fois où nous étions dans un camping, Martin et moi sommes partis au barbecue vers 19h30. Nuit noire donc. En arrivant au barbecue, je vois un animal tout aussi inconnu que le premier, debout à un mètre de hauteur sur un muret, gros comme deux chats mais bien plus trapu et avec une tête sans expression. Déjà l'animal ne s'est pas barré en me voyant, ce n'est jamais rassurant, j'aime beaucoup qu'on fuie à mon approche. Je n'ai pas fui non plus, j'avais compris qu'il ne fallait pas s'étonner dans ce coin du monde, que tous mes repères concernant les animaux étaient à oublier. J'ai donc allumé le barbecue (j'ai choisi le 2e barbecue, contre l'autre muret... par respect pour la vie sauvage évidemment) sans trop me poser de questions. L'animal est parti quelques minutes après, les enfants ont essayé de le suivre dans le noir et m'ont dit qu'il avait fini par grimper à un arbre. Pour l'instant, je ne sais pas ce que c'était. Je penche pour un Wombat...

Nous avons aussi vu des Platypus (nom anglais que nous avons définitivement adopté plutôt qu'ornithorynque) dans un sanctuaire qui rêve de pouvoir célébrer un jour la 10e naissance d'un platypus en captivité. Il bouge tellement vite dans l'eau qu'il m'a été quasiment impossible d'en faire une photo juste acceptable. J'étais encore en Mode Koala sûrement. Après cela, nous avons espéré voir le Platypus en liberté et sommes partis à sa recherche. Nous avons remonté une rivière. Nous avons longé un lac. A chaque fois nous savions que le platypus vivait dans le coin mais il ne s'est pas montré.
Le Platypus est une bizarrerie telle que je devrais lui réserver un article dans les prochains jours.

Nous devons ajouter la Tasmanie à la liste des endroits où nous aimerions déjà retourner. Cette impression de liberté, ces terres vierges où l'homme est quasiment absent et où à tout instant un animal inconnu (pour moi) peut se montrer, c'est quelque chose d'unique.

La veille de prendre l'avion pour Melbourne, nous avons fêté nos 100 ans.