05/06/2017 Barcaldine

Ce matin, sur les conseils de personnes rencontrées dans le camping de Rubyvale, nous sommes allés acheter du "wash". Le wash, c'est un mélange de cailloux, de poussière et de terre dans lequel se trouvent les sapphires. Hier nous avions obtenu notre wash en creusant nous-mêmes dans le bush et nous avions été jusqu'au bout de la chaine (passage au tamis, lavage et tri). Aujourd'hui, nous en avons acheté qui sortait d'une mine souterraine, il n'y avait pas à creuser... Comme les enfants en redemandaient, nous avons acheté un seau et l'avons lavé puis trié sur place. Nous en avons sorti une quarantaine de saphirs qui peuvent être taillés. Evidemment, on ne peut espérer trouver dans ces sacs que de "petits" saphirs mais c'est vraiment une expérience inoubliable que nous avons vécue là avec les enfants. A 20$ le sac, nous en avons même acheté deux autres que nous allons trier gentiment dans les 3 semaines qui restent (la méthode reste à trouver, nous n'avons pas l'équipement qu'ils nous prêtaient là-bas !).


Nous avons ensuite quitté les "Gemfields" pour 260km de route quasiment droite. Les paysages nous rappellent l'ouest. C'est aride et presque inhabité. C'est le début de l'hiver ici, il fait en ce moment 3 à 5 degrés la nuit et cela monte à 23/26 en journée avec toutefois un soleil qui n'a rien d'un soleil d'hiver ; nous avons depuis un moment déjà ressorti la crème solaire. En plein été, les températures atteignent allègrement les 50°. Le sol est fait de sable, les points d'eau sont rares. On voit parfois un arbre dont je ne connais pas le nom mais dont le tronc est anormalement enflé car il fait ses réserves d'eau. Ces arbres sont un peu devenus mes chéris sur la route, j'attends avec impatience de voir le suivant, cela anime un peu le trajet. Les voitures sont rares donc on se salue. Pendant que défilaient les kilomètres, je me suis interrogé sur ce qui a poussé ces gens à venir s'installer sur des terres aussi désolées. Parfois on voit une boîte au lettre au bord de la Highway, un chemin de terre qui s'enfonce dans le bush et au loin, une maison. Ensuite, plus rien sur des kilomètres. J'ai repensé aux pionniers qui ont cherché des voies, ouvert les routes, nommé les lieux. J'ai repensé à ce Leerchardt qui a enterré une partie de son matériel au pied d'un arbre sur lequel il a pris le soin de graver "Dig" pour que d'autres le trouvent. L'arbre se "visite", ils appellent cela un "Historical Site". Il n'y a rien d'autre de toute façon. Sinon la beauté des paysages. Certains les trouveraient oppressants.

Sur les 260km d'aujourd'hui, nous avons traversé les "villes" d'Alpha et de Jéricho avant d'arriver à Barcaldine. Pas d'autre localité. Nous avons fait quelques pas dans Jéricho et avons même trouvé des glaces. Ce n'était franchement pas gagné car l'endroit ne mériterait même pas le nom de village. C'est un "endroit habité" sur la route, la longue route, cette route qui s'appelle la Capricorn Highway et qui longe le tropique du même nom...

Hier, nous avons été conviés par les patrons du camping à fêter leur premier anniversaire à la tête du camping. Tous les campeurs étaient conviés (95% de locaux qui sont là pour creuser) ainsi que les autres commerçants de Rubyvale. Nous avons retrouvé notre mineur-guide, avons été présentés à plein de monde ("They are from France !"). L'avantage ici, c'est que tout est petit donc on te dit "c'est la dame qui tient la bijouterie là-bas, tu vois ?". J'ai aussi parlé à un suisse de Lausanne qui est arrivé ici à 18 ans. Bricoleur, il a commencé à fabriquer de "petites machines pour les mines" pour reprendre ses termes. Quelqu'un d'autre m'a dit : "tout ce que tu vois en métal dans le village, c'est lui qui l'a fabriqué". C'est d'ailleurs une cuve en acier d'1cm d'épaisseur reconvertie en poele à bois d'extérieur qui chauffait toute l'assemblée. Bref, l'ambiance était détendue. Tout le monde se connait, pas de chichis. On sent une sorte d'entraide, une simplicité et une sincérité dans les échanges. La plupart d'entre-eux expliquent qu'ils se sont installés ici il y a 30 ou 40 ans en provenance de Nouvelle-Zélande ou d'ailleurs.


Le dépaysement pour nous, c'est tout cela. Des gens sympas dans une nature belle mais austère.


Demain, nous lèverons le camp assez tôt pour être à 10h30 à 100 km d'ici, à Longreach. Nous allons visiter un centre d'enseignement à distance car ici avec les distances et l'éloignement de certains enfants, la seule manière de leur fournir un enseignement, c'est à distance.