04 et 05/02/2017
Nous voilà donc dans le Fjordland. Les Maoris disent qu'ici il pleut deux fois par semaine. La première fois pendant 3 jours et la deuxième fois pendant 4. Le record, c'est 62 jours de pluie d'affilée. Nous n'avons pas été épargnés il faut dire, même si, hier, la sortie en bateau sur le Fjord s'est passée presque au sec. Voir des montagnes de 2000m aux sommets enneigés qui ont les pieds dans l'eau, c'est assez saisissant. Nous avons même eu le droit à la visite de grands dauphins et avons vu sur des rochers tout un groupe de jeunes otaries.
 
Sur le retour, le bateau nous a lachés sur une sorte de base aquatique posée sur l'eau où un escalier en colimaçon descend à 8m sous les eaux du fjord pour en faire un aquarium naturel à l'envers en quelque sorte (les poissons venaient peut-être d'océans très lointains pour venir nous regarder à travers les vitres). Les enfants ont pu faire l'inventaire de plusieurs sortes de poissons, anémones ou coraux. Cette base abrite aussi un centre nautique depuis lequel nous avons fait 1h de kayak sur les eaux tranquilles du fjord (avec quand même une petite bruine très typique sur la fin...).
Aujourd'hui, j'ai eu droit au ciel étoilé le plus étonnant qu'il m'ait été donné de voir. Les étoiles avaient une teinte verdâtre et ne scintillaient pas.
La journée avait commencé par 25 minutes de bateau sur le lac de Te Anau pour arriver sur une rive couverte de "Rain Forest" (fougères, petits arbres couverts de mousse) qui donne l'impression de remonter à la nuit des temps. Nous nous sommes ensuite enfoncés dans une grotte où il faisait nuit noire. Vous ne me croirez pas mais même sous terre il pleut dans ce bled. Après 200m dans la pénombre sur un terrain glissant avec une rambarde comme seul guide, nous sommes montés sur une barque pour nous enfoncer un peu plus dans la grotte et sa pénombre.
Il faut ensuite imaginer une nuit noire. On sent parfois que la barque heurte les bords. Les gosses te serrent la main sévère. On n'entend rien d'autre que l'eau qui s'écoule bruyamment non loin de là. Soudain, le ciel s'emplit d'étoiles et cela devient féérique, tout le monde se tait et on imagine son voisin nez au ciel lui aussi.
Chacune de ces étoiles (on en voit des milliers) est un ver luisant de 3 à 4 cm de long et c'est là que cela devient moins sexy comme histoire. Ils appellent cela des "Glow Worms". Moi j'appelle cela des vers luisants cavernicoles de plafond (VLCP) car ils vivent accrochés au plafond de la grotte. Un VLCP, c'est un drôle de bestiau en fait. Il vit environ 10 mois, presque tout le temps à l'état de ver. S'il allume la lumière, c'est qu'il a faim. La lumière va attirer des insectes (mouches des sables voire même de gros papillons de nuit). Avant d'allumer, le VLCP fabrique des sortes de fils gluants qui pendent du plafond et dans lesquels les mouches viennent se prendre. Vous avez deviné la suite...
Autant les VLCP sont des milliers (tous les 4 ou 5 cm il y en a un), autant ils n'aiment pas trop avoir des voisins qui viennent empiéter sur leur territoire. La première fois tu te fais chasser, la deuxième fois il t'avale. Si tu te tiens à carreaux, tu ne risques rien, l'animal n'est pas cannibale, c'est juste qu'il ne faut pas venir dans son jardin.
Du coup, cela doit être assez pénible comme vie car des voisins, il y en a partout. Le ver va rester ver aux reflets verts pendant 9 mois avant de se transformer en un insecte qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un moustique. Un moustique qui ne pique pas et incapable de se nourrir. Une fois moustique, il vit sur ses réserves et n'a plus que 4 à 5 jours pour courser une donzelle et lui faire des piots. Celle-ci pond ensuite des oeufs et on est reparti pour 10 mois de rêve. Papa et Maman vont crever de faim quelques jours après être devenus moustiques des plafonds.
Voilà, je pense avoir très bien traduit les explications de la dame.
Vers midi, nous avons fait un point et avons décidé d'accélérer un peu notre rythme, de bouffer un peu de bitume donc.
Les Néo-Zélandais ne font pas toujours des routes là où il faudrait donc pour nous retrouver 50km au nord, il a fallu d'abord filer 120km au sud puis filer à l'est avant de remonter. Nous avons fait une halte à Arrowtown, petite ville ayant attiré des milliers de chercheurs d'or dans les années 1850. J'ai fouillé un moment, rien trouvé. En 1993, une pépite de 130g a été la dernière grosse trouvaille mais le filon est épuisé, les chercheurs d'or ont quitté le coin mais la ville a su conserver un aspect très typique de cette période "ruée vers l'or".
En fin d'après-midi nous atteignions Wanaka, 600mm d'eau par an, l'équivalent de Nice (c'est l'expert en météo qui parle). Des champs d'abricotier, un ciel qui ressemble enfin à un ciel d'été.
2h après, nous arrivions sur la côte Nord-Ouest et là, Magali me dit "c'est ici qu'il pleut le plus en Nouvelle-Zélande"... cela va nous changer.