Nous avons changé de pays, c'est obligé.

Arrivés de nuit à Perth, avons dormi dans un lieu sans âme et sans clim, sommes retournés à l'aéroport le lendemain matin pour récupérer une voiture de location et quitter Perth que nous prendrons le temps de visiter d'ici 10 jours. Pour le moment, nous visons Monkey Mia à 900km au nord en espérant y voir des dauphins voire même pouvoir les nourrir.

Une fois sortis de Perth, nous nous sommes arrêtés au Yanchep National Park pour voir des koalas et ... nous habituer aux chaleurs. Dans ce même parc, une balade de 2.6 km nous a initiés à ce qu'est le bush. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour voir le premier kangourou. Sauvage celui-là, contrairement aux koalas vus précédemment. Les 2.6km ont paru en faire le double, les enfants n'étaient pas habitués à cette chaleur (pas plus de 30° je pense).

Ce n'est qu'après cette première halte que j'ai réalisé que nous sommes un peu perdus ici. Le pays est plat. Sur la carte nationale, il est fait mention de villages qui me semblent plus petits que Ternand. Comme il n'y a pas d'agglomération, il faut bien mettre quelque chose sur carte...
Le gris du bitume, l'ocre du bord de route, le bleu du ciel, le blanc des rares nuages et le vert de la végétation déjà pauvre au départ et qui se fait de plus en déprimée au fur à mesure que nous avançons.

Le camping-car ne me manque pas. La voiture est silencieuse. La voiture est climatisée.

Cervantes. Premier camping avec piscine. Tout fait vieux. Le supermarché, c'est un retour aux années 50 que nous n'avons pas connues mais quand même !
Un peu plus tard, 17 heures, j'ai chaud. Envie d'une biêre fraiche. Tout est fermé. Balade au bord de la mer. Coucher du soleil à 18h45.

Le lendemain. Piscine. Ecole. Piscine. Du vent, il fait moins chaud du coup, ouf. Piscine. Quand même trop chaud pour aller au désert. Nous irons en fin de journée.

Le désert. Oui bon, c'est un grand mot quand même. Mais purée ce que c'est dépaysant comme coin ! Les menhirs que vous avez vu sur les photos, les "pinnacles". Râté, ce n'est pas de la caillasse ! C'était sous les océans à une époque. Des tonnes de coquillages qui se sont empilés puis qui se sont transformés en couches de calcaire. Quand l'eau s'en est allée, cette couche a commencé à être lentement rongée par les vents ou les eaux. Les "menhirs" qui sortent de terre sont les reliquats de cette couche originelle.

Le lendemain. Nous repartons. Je commence à comprendre qu'on a changé d'échelle par ici. Les stations services, faut les planifier presque.
Nous faisons une pause baignade (première baignade en Australie) à Jurien Bay. Couleurs d'enfer et eau à 25°.

Le soir, halte dans un lieu improbable. Magali a déniché sur Airbnb une caravane dans un coin paumé. Le coin paumé, c'est une sorte de refuge pour kangourous et émeus. Nous assistons passivement au repas des émeus et kangourous.
Sur le retour (5 minutes de marche vers notre caravane posée au milieu du bush), un kangourou sorti de nulle part vient vers nous. Je n'ai pas une grande expérience concernant les kangourous. Cela a l'air sympa. Cela arrive doucement, il doit être curieux tu te dis. Il s'arrête à quelques mètres et te mate. Tu commences à te sentir couillon. Tu dois paraître rassurant pour tes gosses, tu ne détales pas. Le kangourou s'avance. Merde. Non, franchement, cela a l'air sympa. Une tête de biche et en plus il n'a pas l'air énervé, tu le laisses s'approcher. De toute façon Magali me souffle "faut pas que tu recules je pense". Je ne recule pas. Il avance. Il est à 50cm de moi et ne bouge plus. Cela a l'air timide en fait. Mais bon, qu'est-ce qu'il fait là ? Pas reculer qu'elle disait. N'empêche qu'elle, elle a reculé on dirait. D'un coup, tu ne sais pas pourquoi, le bestiau que tu dominais décide de se dresser sur ses pattes arrière. L'impression tout à coup que j'ai 16 ans, que je viens de sonner pour la première fois chez une fille physiquement intelligente mais que c'est le grand frère qui a ouvert. Le grand frère me tend les pattes. De sacrées griffes d'ailleurs. Tu lui attrapes les pattes pour ne pas te faire griffer. Il se penche en arrière. Je ne sais pas trop ce qu'il a prévu pour la suite. Coup de tête ? Coup de pied ? Il a toujours l'air aussi flegmatique mais bon, il ne va pas me la refaire une 2e fois avec son air de ne pas y toucher. Je me retourne. Les enfants ne sont plus là. Magali fait un signe de croix en l'air dans ma direction. Je décide de prendre les devants (je tiens toujours le bestiau par les pattes de devant et me demande toujours par où il va attaquer). Je le repousse en lui disant "Moi aussi je t'aime" et commence à reculer (les enfants ne sont plus là, vous comprenez). Au bout de 10m je retrouve Magali qui ne m'avait pas complètement abandonné. Nous marchons. Nous nous retournons. Le kangourou reprend sa route... vers nous. Ah ouf, il bifurque et s'enfonce dans le bush.

La caravane doit avoir 60 ans, c'est pourri mais propre. Il y a un verrou anti-kangourous et des moustiquaires.

Nous avons passé une bonne nuit. Les enfants n'ont rien entendu des bruits exotiques autour de la caravane, des bruits sur le toit, des bruits sous le plancher. Si, si, j'ai dormi.

Au réveil, nous avons déjeuné avec les locaux. Ils avaient avant cela donné une souris à manger à un serpent qui partageait la même pièce que nous. Les fouines par contre, ils les nourrissent après les touristes. Tout est très minuté dans une ferme australienne comme celle-là on dirait.

Un peu après, j'étais persuadé que ce gros perroquet noir unijambiste allait me chier sur l'épaule. Les lessives sont rares et les tee-shirts aussi. Je venais d'en changer. Tout s'est bien passé. 

Comme j'ai été éduqué par la Gaby (faut rien jeter), j'ai désossé tous les restes du poulet de la veille et les ai donnés aux gens de cette ferme.

Deux heures après être repartis de cet endroit hors du temps, nous faisions une halte à Billabong RoadHouse (next service : 152km) pour manger. Pain de mie et tomates... Merde, le poulet, si on avait su ! Je n'ai pas râlé.

La halte à Billabong Roadhouse fut un autre grand moment de découverte. Vous êtes-vous déjà trouvés au bord d'un pré à plaindre un cheval du fait d'un trop grand nombre de mouches qui vont jusque dans ses yeux ? 34° à l'ombre et des mouches plein les yeux. Le temps de nous rapatrier dans la voiture pour terminer notre pique-nique (pain de mie-tomates...), nous en avions 100 dans la voiture. La carte d'Australie qui ne nous servait à rien jusqu'à présent (c'est tout droit pendant 400km) a fait des ravages.

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Je vous raconterai la suite dans un 2e article, il y en a qui bossent demain.