Deux soirs de suite au même endroit, c'est exceptionnel !

Hier, avons eu la pire journée depuis le début de notre voyage. En Nouvelle-Zélande, même sous le déluge, il n'avait jamais fait aussi froid. 9° le matin, nous dormons avec les vestes. Avons du coup opté pour le confort d'un camping. Les enfants sont ravis, il y a une piscine chauffée.
Sarah sait nager, elle aura appris en Australie !
Nous approchons de Melbourne, 2e ville du pays avec environ 4.5 millions d'habitants. Avons retrouvé des nuées de bachibouzouks par la même occasion. Je préférais l'Australie sauvage de l'ouest ou aride du centre et je crois que Magali a le même sentiment.

Après Adélaïde, nous avons trouvé quelques endroits gratuits et c'est franchement ce que nous préférons. Avons dormi en pleine forêt d'Eucalyptus, nous étions les riches du coin avec notre gros camping-car au milieu de tous ces routards qui avaient planté leur tente sous le déluge. Une autre fois, nous étions sur les terres d'une ferme, au bord d'une rivière à 200m de l'océan. Evidemment, pas d'accès à l'océan. J'ai donc décidé toute la petite famille de ... marcher dans l'eau. C'est une ancienne théorie que je tiens de mon père qui dit que la rivière devrait se jeter dans l'océan à priori. Si je dois m'en référer aux regards que me jetait Mag à l'aller, elle n'a pas eu le droit à la même explication (message au beau-père évidemment). Je ne faisais pas le fier après 200m de rivière, je priais toutes les divinités aborigènes pour que nous continuions à avoir pied jusqu'au bout. 100m plus loin, je bombais le torse et ondulais sévèrement du fessier, nous avions atteint l'océan sans perdre d'enfant et sans nous faire dévorer par un quelconque animal mystique.

Une autre fois, nous avons dormi au bord d'une petite rivière qui alimente une sorte d'étang sombre et ... froid. L'eau devait faire 18/19° mais tout le monde s'est baigné (pour les enfants c'est devenu un réflexe, "on voit de l'eau on se baigne" mais là avec la température de l'eau, je crois qu'ils vont redevenir méfiants). Avons longuement papoté avec un gamin du cru bien sympa. Fils d'un paysan du coin, il passait sa journée au trou d'eau à se baigner. J'ai bien aimé sa philosophie et sa simplicité.
Par contre, je n'en peux plus des koalas, faudra que quelqu'un pense à le dire à Mag. C'est bien mignon comme bestiole mais franchement c'est quand même l'animal sur terre où tu vois le moins de différences d'avec sa peluche, non ? Le bestiau dort 20h par jour. La faute à sa nourriture trop pauvre (feuilles d'eucalyptus), il n'a pas d'énergie à gaspiller sinon pour changer de branche... Dès qu'il y a un parc national ou un camping qui affiche "koalas", j'y ai droit. Une fois sur place, tu déambules le museau en l'air et le premier qui voit une boule de poil collée à un tronc a gagné. Avons ainsi passé une nuit dans le camping de l'Otway National Park car il y a des koalas. Le pluriel commence à deux. Avons trouvé les deux. Même que le premier avait un bébé donc cela passe le décompte à trois. Quant à l'autre, il devait être dopé, nous l'avons vu bouger (déjà, tu es chanceux), descendre 5m le long du tronc (là tu te dis que tu es en train de rêver) puis il s'est figé, sûrement trop crevé. Et là, truc insensé, il a sauté vers le tronc d'à côté. Nous avons la vidéo témoin de cet instant super méga rare. Il y avait 3 soeurs australiennes à côté de nous, elles étaient en extase totale et m'ont quand même lâché (version traduite) : "vous savez que vous avez de la chance, il n'y a pas beaucoup d'australiens qui ont vu ce que vous venez de voir !". Eh ouais.
Bref, le koala, je n'en peux plus. J'appréhende déjà la prochaine journée du koala (le lendemain de la journée de la femme je crois) à notre retour.

Après ces endroits dans une Australie encore assez paumée, il fallait bien nous rapprocher de la Great Ocean Road. Et là, bizarrement, Magali ne m'a plus parlé de koalas. Il y a des surfeurs. C'est mythique comme coin. J'ai même vu un combi-Volkswagen, c'est dire !

La Great Ocean Road, c'est une petite route qui longe la côte en fait. Après la guerre de 1914/18, on ne savait pas trop quoi faire faire aux soldats australiens, on leur a filé une pioche et on leur a demandé de faire une route. 3000 mecs ont bossé pour faire ce qui ressemble à une départementale (Small Ocean Road, ca pétait moins faut dire) mais qui traverse des paysages assez somptueux. L'endroit le plus connu, c'est les "Douze apôtres" (même en comptant large on n'arrive qu'à onze rochers en fait mais ils ont préféré arrondir à la douzaine supérieure pour être plus bibliques). Nous nous sommes garés, avons gentiment suivi les flèches et nous sommes noyés dans un flux de touristes assez impressionnant. Genre le métro à Paris. Nous n'avons rien vu venir. 100km avant nous étions presque seuls au bord de l'océan et là d'un coup, le drame. Des paysages magnifiques certes mais où il faut se battre pour survivre. Faire attention aux coups de perche à selfies, se faire culturellement marcher dessus. J'étais stoïque et progressais lentement vers le bout du chemin, fier de mon pouvoir d'adaptation. Me suis fait roter dessus, je n'ai pas bronché, je n'arrêtais pas de me dire "Fred, c'est culturel". Tout à coup les enfants et Magali ont voulu faire demi-tour, ils n'en pouvaient plus. En bon père de famille, j'ai accédé à leur demande mais j'ai ressenti une certaine frustration car j'aurais adoré roter à mon tour sur quelqu'un pour me prouver mon haut-degré d'adaptabilité aux pratiques sauvages. Vous comprendrez que réussir à prendre quelques photos correctes dans cet environnement hostile ne fut pas chose aisée.

Pour finir (et sans enchainement aucun), nous avons atteint un des points les plus au sud de l'Australie (ce qui veut dire aussi des plus froids et arrosés) et je ne m'attendais donc pas à ce que nos pigeons ou corbeaux soient ici remplacés par des cacatoès blancs à la houppette jaune ou autres oiseaux exotiques aux couleurs improbables. Je déprimais presque ce matin seul dans le camping-car sous le déluge dans ce camping à l'européenne sans rien de dépaysant quand d'un coup j'ai tourné la tête et ai vu un énorme cacatoès sur la rambarde d'à côté qui me fixait. C'est bien mieux qu'un koala, faut pas déconner.