En quittant la Nouvelle-Zélande, nous avions tous les deux le sentiment que nous avions commencé par le plus beau et que l'Australie nous dépayserait moins. En décollant de Brisbane pour Nouméa, Magali m'a demandé ce que j'avais préféré en Australie. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas un endroit de particulier mais que c'était l'ambiance et la variété des paysages qui m'auront marqué. Il y a des endroits que je n'ai pas vraiment aimés comme la portion Adélaïde-Melbourne (hormis Kangaroo Island évidemment !) ou la côte Est au nord de Sydney.

Si cela ne tenait qu'à moi, nous aurions aussi pu nous passer des étapes dans les grandes villes qui n'ont que peu de charme et où l'ambiance est presque européenne. S'il fallait en retenir une, ce serait Perth. Elle m'a paru calme, agréable et intelligente.


Préparer son itinéraire dans un pays aussi immense n'était pas chose facile. Nous ne nous sommes pas trompés sur la logique générale (aller vers le nord pour fuir l'hiver qui s'installe au sud) mais nous partons avec quelques regrets, nous aurions aimé voir le "vrai" désert, aller à Darwin et prolonger nos passages dans l'Outback. L'Australie, ce n'est pas une liste de destinations à enfiler, c'est une ambiance dans laquelle il faut s'immerger. On ne va pas à Longreach ou à Monkey Mia, on roule des centaines de kilomètres dans des paysages désolés et sans relief qui prennent aux tripes. Evidemment, il y a Uluru mais là encore, ce n'est pas ce qu'on retient du Red Centre ; j'ai davantage été marqué par les couleurs, les distances, les histoires, les gens.


Je pensais que l'Australie était un pays moderne mais la réalité est bien différente. Les grandes villes sont des ilots de modernisme dans un océan figé de poussière et de terres où l'homme ne fait que survivre. Evidemment Sydney ou Melbourne continueront à s'étendre mais j'ai du mal à croire qu'il en sera de même des petites villes de l'intérieur. Les gens iront à Uluru prendre le rocher en photo, ils feront un saut un jour au musée des dinosaures à Winton, ils continueront à aller se tremper sur la barrière de corail (tant qu'il y aura du corail) mais qui ira là où il n'y a rien, pas même assez d'herbe pour entretenir un troupeau ? Des cons comme nous, oui. Car, voilà ce que nous avons préféré : l'Outback et ses terres désolées où l'homme a déjà fait machine arrière.


J'ai le sentiment que l'Australie est un peu le passé de notre planète. J'ai vu des montagnes qui semblaient être à l'agonie, elles n'en pouvaient plus d'être érodées, chaque rocher semblait avoir atteint son stade ultime avant de n'être plus que sable. J'ai vu des animaux qui ne répondent pas aux logiques de classement qu'on applique ailleurs, des animaux qui étaient déjà sur terre bien avant que l'Homme n'y soit. C'était aussi la terre des aborigènes qui n'avaient presque pas évolué pendant des millénaires de présence ici avant que le Blanc ne vienne.


C'est peut-être ce que j'aurai le moins aimé cette histoire aborigène. Elle me laisse un sentiment très mitigé. J'ai vu énormément de panneaux demandant à ce que l'on respecte les traditions populations indigènes. Toutes les boutiques vendent la culture aborigène. Où sont passés les aborigènes ? J'en ai vu quelques fois à Perth, ils avaient à chaque fois une bouteille à la main et semblaient errer sans but dans les parcs de la ville. J'en ai revu sur la côte est et ce n'était guère mieux. Il aura fallu plus de 3 mois et notre passage à Mossman Gorge pour voir quelque chose de positif, on employait des aborigènes dans le but affiché de leur "donner" les talents nécessaires pour un jour occuper un emploi ailleurs en Australie (ma meilleure traduction d'un panneau sur site !).


En Nouvelle-Zélande, je me souviens d'Akaroa, des lacs Tekapo et Pukaki, du Milford Sound, de la Ninety Miles Beach, etc... En Australie, ce ne sont pas des lieux précis dont je me souviendrai mais de cette nature tour à tour avare et prolifique. 


Enfin, j'ai adoré le fait de franchir les climats et les saisons par nous-mêmes. Généralement, on prend on avion pour changer de climat or là, nous l'avons constaté par les fenêtres de notre camping-car. Sur la cote sud, l'hiver était précoce, nous avions froid. Peu de temps après, nous étions à Byron Bay où l'on se baigne toute l'année. Quand nous étions à Hughenden, nous étions proches du désert, les terres étaient désséchées, rares étaient les arbres. Deux jours de route plus tard, nous étions dans la verdure des Tablelands, à deux pas de la côte tropicale qui affiche jusqu'à 10m de pluie par an...


Donc, non, l'Australie ne nous aura pas déçus. Oui, nous parlons d'y revenir un jour pour faire les "morceaux manquants" maintenant que nous savons ce que nous aimons ici.


Voilà, nous allons entamer notre dernier "pays", la Nouvelle-Calédonie. Nous avons quitté notre camping-car, c'était la bonne formule pour tout le monde.